Nos revendications

1 – Abandonner la construction du tronçon Massy-Versailles de la ligne 18, cheval de Troie de l’urbanisation du plateau

Pas un mètre cube de béton sur des terres vierges de toute construction !

La ligne 18 dupliquerait des liaisons existantes, et traverserait 10km de zone rurale

Nous dénonçons la fuite en avant qui consiste à justifier un métro par l’urbanisation massive qu’il va lui-même induire. En février 2020, le Secrétariat Général Pour l’Investissement (SGPI) déclarait que « les bénéfices attendus [de la ligne 18] ne seront au rendez-vous que si le plateau de Saclay offre rapidement la forte densité espérée ». Pour le dire plus simplement, ce n’est pas le besoin qui détermine le projet mais le projet de transport qui engendre la création de logements.
Lien vers le rapport de la SGPI

Le périmètre d’urbanisation inscrit autour des gares est une magnifique opportunité pour les multinationales du BTP. Quatre énormes programmes immobiliers sont déjà prévus comme la ZAC de Corbeville, à Orsay, (logements et hôpital) qui justifie l’expropriation de 70 hectares à la ferme de la Martinière et la fermeture de trois hôpitaux de proximité (Juvisy, Longjumeau et Orsay). Autour de la Gare de Saclay, à Guyancourt et à Satory, des milliers de logements sont déjà planifiés, tous justifiés par la desserte anticipée de la Ligne 18.

2 – Mettre à l’étude et réaliser des solutions de transport alternatives

Nous voulons des transports en commun adaptés aux vrais besoins !

Credit photo : freepik

De nombreuses alternatives réalistes existent, mieux adaptées, moins onéreuses. Elles n’ont pas fait l’objet d’étude approfondie, ou sont retardées faute de financement : la rénovation du réseau existant (RER B/C), l’amélioration et le prolongement des lignes de bus en site propre (TCSP), la création de connections plateau/vallées assurant un rabattement efficace vers les RERs (téléphérique, funiculaire, navettes de bus ou escaliers mécaniques).

Nous dénonçons un transport inadapté aux besoins de la population et surdimensionné. Inadapté, car le projet de ligne 18 avec son tracé Est-Ouest d’Orly à Versailles ne tient pas compte des trajets réels des usager·ères qui vont majoritairement des vallées vers le plateau (Nord-Sud, 80% des déplacements) ou vers Paris et sa petite couronne. Avec ses trois arrêts, distants de plusieurs kilomètres, la ligne 18 ne permet pas une desserte fine des zones déjà urbanisées du plateau. Son arrivée « prochaine » (2027 ? 2030 ?) sert de prétexte à l’abandon de solutions urgentes pour l’amélioration de cette desserte. De plus, ce transport lourd est largement surdimensionné au regard des prévisions de trafic : la capacité de la ligne 18 est de 20 000 passagers/heure alors qu’en 2030 la fréquentation maximum sur le tronçon le plus chargé n’excédera pas 6000 passagers/heure aux heures de pointe.

Nous déplorons un projet d’ensemble qui va augmenter le trafic automobile et la pollution atmosphérique. Avec un métro inadapté qui ne réduira donc pas le trafic automobile et le doublement de la RD36, le projet d’aménagement favorise la circulation automobile et polluante. Sous prétexte de ligne 18, le prolongement du bus en site propre (TCSP) jusqu’à Versailles Saint-Quentin en Yvelines est remis en question. Le passage de la RD36 à 2×2 voies prépare de fait une nouvelle autoroute de contournement de l’Ouest parisien, qui aggravera la saturation de la RN118.

3- Organiser un vrai débat public sur l’aménagement du plateau de Saclay

L’OIN, opération d’intérêt national ou opération inutile et nuisible ? 

Nous contestons l’utilité publique de l’Opération d’Intérêt National Paris-Saclay et de la ligne 18. Nous demandons la tenue immédiate d’un vrai débat démocratique et transparent, placé sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) et impliquant toutes les composantes de la société civile, sur l’ensemble du projet d’aménagement du plateau de Saclay.

Nous dénonçons les simulacres de consultations qui ont eu lieu à ce jour. D’une part, le projet d’aménagement Paris-Saclay n’a jamais été présenté dans son ensemble à la population. Ce saucissonnage a empêché de comprendre les enjeux du projet et ses conséquences cumulées sur les plans écologiques, humains et sociaux. D’autre part, nous estimons que le traitement des 4481 observations déposées lors de l’Enquête Publique de 2016 n’a pas été neutre. Enfin, alors que 70 % des avis déposés lors de l’Enquête Publique de juillet 2020 sont défavorables à la ligne 18, aucun rééxamen du projet n’a été lancé. Pire, en mai 2020, la Société du Grand Paris a attribué des lots pour le démarrage des travaux sans attendre la publication des résultats de cette enquête. De manière générale, le calendrier s’est durci malgré l’impopularité de la ligne 18.
Lien vers l’enquête publique

Nous exigeons que soit posée dans un vrai Débat Public la question de l’« intérêt général » des opérations d’aménagement en cours. À l’heure de l’urgence climatique, cet intérêt général est-il de construire des villes nouvelles ? de les exposer au risque d’une pénurie alimentaire ? de disposer d’un transport de prestige à travers champs ? d’accentuer les inégalités et la compétition entre les régions ? Se confond-il avec des intérêts privés de grands groupes du BTP et d’investisseurs immobiliers, comme Vinci Construction, à qui deux lots de la ligne 18 ont déjà été attribués ?

4 – Mettre en place un moratoire sur les grands travaux du plateau de Saclay tant que ce débat n’aura pas eu lieu

Pas de politique du fait accompli !

Nous demandons, dans l’attente de cette concertation éclairée et impartiale, qu’un moratoire sur l’ensemble des grands travaux du plateau de Saclay soit mis en place. Le chantier de la ligne 18 doit être stoppé, les implantations ou déménagements forcés d’équipements, établissements ou entreprises doivent cesser, le passage à 4 voies de la RD36, la création d’une ville nouvelle sur la ZAC de Corbeville, ainsi que les projets de quartier-gares du CEA Saclay, de Guyancourt et de Satory doivent être suspendus et leur abandon ou leur redimensionnement doivent être mis en débat.

5 – Assurer une vraie protection de l’agriculture, des terres agricoles et des derniers espaces de biodiversité d’Ile-de France
La ZPNAF (Zone de Protection Naturelle Agricole et Forestière) est fragile juridiquement

Nous réclamons une protection juridique pérenne des terres agricoles du plateau de Saclay. Depuis les années 70, plus de 1000 hectares ont déjà été construits sur le plateau de Saclay. L’urbanisation accélérée, l’intensification des déplacements et le morcellement du territoire ont déjà grandement fragilisé l’agriculture du plateau, et ce processus doit à présent être stoppé.

En 2010, une zone de protection a été créée par la Loi du Grand Paris : la ZPNAF (Zone de Protection Naturelle Agricole et Forestière) qui compte 4115 hectares d’espaces naturels dont 2469 ha de terres agricoles. Mais cette protection est fragile : contrairement aux Parc Naturels Régionaux (PNR), la zone de protection ne bénéficie pas d’un règlement, mais d’une simple charte qui ne revêt aucun caractère obligatoire pour ses signataires. A travers son Comité de Pilotage, l’État garde entièrement la main sur la ZPNAF, et au nom de « l’Intérêt National » (jamais démontré ni discuté), se réserve de fait toute liberté de poursuivre son programme de destruction. En outre, certaines terres de grande valeur ne sont pas incluses dans la ZPNAF, ainsi promises au bétonnage.

Nous exigeons la protection scrupuleuse des activités agricoles du plateau de Saclay et le soutien à leur reconversion progressive au service d’une alimentation locale et saine. Nous exigeons la sanctuarisation de l’ensemble des espaces naturels, agricoles et forestiers encore intacts, mesure essentielle et d’utilité publique sans aucune possibilité de dérogation.

6 – Imposer que, dans le contexte actuel de crise climatique et sociale, la question des grands projets d’aménagement soit mise au débat politique
Carte des Grands Projets Inutiles (source : Reporterre)

Nous demandons à l’ensemble de la classe politique, que le changement climatique et la crise sanitaire et sociale soient une priorité. Des projets d’aménagement conçus dans un autre contexte doivent pouvoir être rediscutés et abandonnés si la situation évolue. C’est le cas aujourd’hui avec la ligne 18 et son monde.