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« Aller sur place et dire stop »

Militant au sein du collectif contre la ligne 18 mais aussi d’Extinction Rebellion, Florian* a participé aux actions de désobéissance civile des 15 et 16 octobre. Suite à son arrestation, son procès aura lieu en avril prochain.

Quel était le contexte de ces deux journées d’action ?

Cette action s’est construite dans le cadre de la seconde saison des Soulèvements de la Terre qui est un mouvement de désobéissance civile en appui aux luttes locales qui se battent contre l’accaparement et l’intoxication des terres par le système agro-industriel, mouvement parti de Notre-Dame-des-Landes. A l’appel d’Extinction Rebellion et du collectif contre la ligne 18, s’est tenue une semaine sur le camp de Zaclay pour co-construire les actions, afin que chacun soit 100% responsable de ses actes. L’annonce était publique et la présence policière très forte autour de Zaclay.

Peux-tu nous raconter l’action du vendredi ?

Deux personnes, un autre militant et moi-même, sont entrés sur un chantier du plateau de Saclay, aux abords de l’Ecole Normale Supérieure de Paris Saclay et sont montés sur une grue, pendant que d’autres discutaient avec les ouvriers et leur expliquaient notre démarche. Une banderole avec l’inscription « SOS Stop L18 » a été étendue. Il faisait beau, l’objectif était de toucher les étudiants de l’ENS qui étaient sortis déjeuner sur le parvis. Nous sommes restés là-haut deux heures, maintenant la banderole, avant que la police n’arrive et que nous nous décidions à descendre. Nous avons ensuite été placés en garde à vue et relâchés dans la soirée.

Que risques-tu ?

Je suis accusé de blocage d’un chantier public et mon procès aura lieu en avril prochain (et non 2021 comme inscrit sur ma convocation !). Je ne sais pas exactement quelle peine je risque. J’avais déjà eu un rappel à la loi donc je savais que je risquais un procès. En revanche, je suis étonné que l’autre militant soit aussi convoqué car c’était son premier « blocage de chantier ».

Pourquoi la désobéissance civile ?

Ici, à Saclay, cela fait 15 ans que la contestation contre le cluster scientifique existe. Les gens ont essayé de jouer le jeu institutionnel, ont répondu aux concertations, aux discussions avec la Société du Grand Paris (SGP). Mais ils n’ont pas été écoutés : le projet se fait quand même. Certains ont pris des avocats et ont lancé des démarches en justice, mais c’est très long et très couteux. On voit bien que la démocratie ne fonctionne pas et qu’on nous fait brasser de l’air. Face à ça, on a envie d’être en prise avec la situation, et donc de passer à l’étape supérieure : aller sur place et dire « stop ».

Et quel est ton sentiment par rapport à tout ça ?

J’éprouve de la tristesse d’en arriver là. Les personnes en position de pouvoir ont certainement beaucoup de connaissance et surtout à disposition des tas d’études montrant l’inutilité de cette ligne de métro et ses effets néfastes, et pourtant ils s’entêtent à piétiner – avec mépris en plus – des arguments rationnels par des méthodes irrationnelles – comme cette fête grandiloquente du chantier KM9. Sont également prévus sur le plateau de Saclay un nouvel hôpital high-tech et un lycée international, au détriment de zones plus défavorisées comme Les Ulis, toujours enclavé. La société va dans le mur et ils se foutent du sort des citoyens. Ce n’est donc pas par gaité de cœur que j’agis, mais c’est la seule réponse raisonnable que j’ai trouvée.

* Le prénom a été changé.

Télécharger ici le communiqué de presse sur les actions du 15 et 16 octobre.