Tribune publiée dans Reporterre le 5 mai 2023 : Pour une agriculture paysanne près de Paris, défendons la zad de Saclay
Le texte peut toujours être signé via ce formulaire. La liste des signataires sera mise à jour au fur et à mesure. Merci pour vos soutiens !
Dans un contexte de criminalisation des mouvements écologistes, le campement de Zaclay, lieu emblématique et espace de réflexion et de création d’alternatives sur le plateau de Saclay, est menacé de démantèlement.
Nous, signataires de cette lettre, demandons que cesse la répression contre Zaclay et appelons à intensifier la lutte légitime que mène le Collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres, afin de sauvegarder l’un des derniers territoires agricoles d’ampleur de la région parisienne.
Les 13 et 14 mai, nous appelons à venir défendre Zaclay et à faire vivre la lutte que ce lieu porte contre les projets nuisibles et imposés, et pour rendre possible une agriculture paysanne aux portes de Paris.
« Plus aucune zad (zone à défendre) ne s’installera dans notre pays », déclarait le 1er avril Gérald Darmanin dans le JDD, annonçant par la même occasion la création d’une « cellule anti-zad » au ministère de l’Intérieur. Selon la carte révélée par l’hebdomadaire, la lutte contre la ligne 18 de métro à Saclay figure parmi les 42 « sites sous surveillance » du ministère de l’Intérieur, car « susceptibles de se radicaliser à court terme ».
On peut voir d’abord dans cette déclaration une opération de communication, destinée à diaboliser des luttes locales gênantes qui défendent des causes légitimes. Le camp de Zaclay a été créé par des habitant·es, étudiant·es, scientifiques, agriculteur·trices ou paysan·nes, actif·ves ou retraité·es avant tout soucieux·ses du devenir des quelque 4 000 hectares d’espaces naturels, forestiers et agricoles du plateau de Saclay, dont 2 300 dédiés à l’agriculture.
Ces terres extrêmement fertiles font l’objet, avec celles de Gonesse, d’une demande de classement au patrimoine mondial de l’humanité par des personnalités du monde de la culture et de la recherche. Avec 20 % de surfaces déjà en agriculture biologique et de nombreuses installations agricoles récentes, ce territoire a le potentiel de développer aux portes de Paris une agriculture paysanne vivante et nourricière. Stockant le carbone atmosphérique, régulant les pics de chaleur et le cycle de l’eau, et abritant une riche biodiversité, les sols et espaces naturels du plateau de Saclay sont un bien commun inestimable, appelé à jouer un rôle crucial dans la résilience de la métropole parisienne face aux chocs climatiques.
Ces terres sont pourtant directement menacées par la ligne 18 du Grand Paris Express, qui les traverserait de part en part entre Saclay et Versailles. Ce projet de métro, en fragilisant les fonctionnalités agricoles, en démultipliant la pression foncière et en attirant les projets immobiliers spéculatifs, vouerait de fait l’ensemble du plateau de Saclay à une urbanisation massive. Alors que le réseau ferré francilien, notamment les RER B et C, souffre d’un sous-investissement chronique, on préfère construire à travers champs un nouveau métro de prestige d’un coût de plusieurs milliards d’euros.
Ce projet est donc un non-sens, tant aux plans écologique que financier, qui ne bénéficierait qu’aux spéculateurs et aux multinationales du BTP. Depuis 2006, des associations, collectifs et habitant·es se mobilisent sans relâche. Leurs mises en garde, ainsi que celles de nombreux experts, n’ont jamais été entendues par les décideurs, et leurs recours juridiques ont été systématiquement rejetés sans être examinés sur le fond. Si les zad existent aujourd’hui, c’est en dernier ressort face à l’échec répété des procédures de débat public en France et au déni de démocratie que constituent ces projets imposés et nuisibles.
Mais Gérald Darmanin ne fait pas que communiquer : il veut aussi faire disparaître toute trace d’opposition à ces projets. Ainsi, sur le plateau de Saclay, les intimidations de la préfecture se sont intensifiées depuis quelques semaines, avec la convocation des agriculteurs accueillant le camp de Zaclay sur leurs terres et de membres du collectif, pour des interrogatoires de plusieurs heures à la gendarmerie. Aujourd’hui, le couperet est tombé : si la zad de Saclay n’est pas évacuée début juin, le camp pourrait être expulsé par les forces de l’ordre et les agriculteurs se voir administrer des amendes pouvant se chiffrer en centaines de milliers d’euros.
Le démantèlement de Zaclay et la répression financière contre les agriculteurs constitueraient une attaque frontale, sans précédent et d’une agressivité démesurée contre la vie démocratique. Le campement de Zaclay joue un rôle crucial pour alerter et sensibiliser le grand public. Depuis maintenant deux ans, c’est un lieu de rassemblement, permettant d’organiser et de rendre visible la défense des terres agricoles, un lieu de pédagogie où se tiennent conférences, projections et débats, un lieu où chaque promeneur·euse est invité·e à s’arrêter, à s’abriter du vent, de la pluie ou du soleil, pour discuter et trouver une information indépendante.
Nous rappelons ici notre détermination à sauvegarder ces terres et leurs fonctionnalités, et à nous battre pour y voir fleurir des installations paysannes plutôt qu’un métro. L’enjeu est crucial : il s’agit de sécuriser l’accès des populations à une nourriture saine tout en préservant le milieu. Cela ne sera possible qu’à condition de sortir d’une agriculture industrielle, polluante et destructrice du vivant, pour favoriser l’installation sur nos meilleures terres de nombreux agriculteurs et agricultrices pratiquant une agroécologie régénératrice et diversifiée. Détruire ces terres reviendrait à condamner cette voie de salut majeure.
Car il y a urgence à agir : depuis les années cinquante, 1400 hectares ont déjà été bétonnés sur le plateau de Saclay. Si rien n’est fait dans les prochains mois, ce sont plus de 4000 hectares supplémentaires qui risqueraient de disparaître à leur tour. Aujourd’hui, les travaux préliminaires du métro (fouille archéologique, études des sols, déplacement de réseaux) sont en cours de réalisation et l’arrivée des bulldozers semble imminente.
À l’heure où la menace devient de plus en plus pressante, nous, signataires de cette lettre, soutenons Zaclay et le Collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres. Nous appelons à venir massivement défendre et faire vivre ce lieu lors d’un rassemblement festif et déterminé les 13 et 14 mai prochains. Le week-end sera suivi d’une semaine de partage et d’ateliers thématiques et pratiques autour de l’agriculture paysanne. Nous nous engageons à rester solidaires et mobilisé·es si les menaces sur Zaclay et les terres fertiles se concrétisaient.
Liste des signataires (mise à jour le 8 mai)
Collectifs et associations
Les Soulèvements de la Terre
Les Soulèvements de la Terre Lille
Confédération paysanne
Confédération paysanne Île-de-France
Extinction Rebellion (GL Paris Ouest et Yvelines Est Sud)
Extinction Rebellion Montreuil
Extinction Rebellion Paris Est
Extinction Rebellion Paris Nord
Extinction Rebellion Foix et Alentours
Scientifiques en rébellion
Alternatiba Paris
Terres de luttes
Reprise de terres
Les Amis de la Terre Val-d’Oise
Collectif OIN Saclay (COLOS)
SQY’Pousse
Attac 78 Sud
Attac Nord-Essonne
Voix Déterres
Zadart
Collectif de défense des Jardins d’Aubervilliers (JAD)
Collectif Non au T4
Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG)
Collectif Vietnam Dioxine
Les Ami·e·s de la Confédération paysanne
Miramap, mouvement inter-régional des Amap
Réseau Amap Île-de-France
Amap Les jardins de Cérès
Amap Massy Manger bio
Amap la Chèvre et le Chou d’Yvette
Amap Amaportée
La Vie Nouvelle Vallée de la Bièvre
La Conviviale écologiste et fraternelle (Palaiseau)
Le Quartier libre des Lentillères (Dijon)
Université du bien commun
Gilets jaunes de Montreuil
Désobéissance écolo Paris
Laboratoire écologique Ødechet
Association Dédale
La Ferme du Sausset
91GRA
Sciences citoyennes
Ecopolien
Collectif pour une agriculture paysanne et préservation de la nature en Dordogne
Collectif citoyen nature en CCILAP
Sauvons les gohards
Nantes en Commun·es
Protection arbres & faune
Mouvement national de lutte pour l’environnement (MNLE) 93
Éditions ALSO (Anarchie, Lutte contre les Systèmes d’Oppression)
Neo-Agri – Faisons pousser des néo-paysans
Maison commune de la décroissance
Le mouvement – Plateforme de campagnes citoyennes
Coordination d’accueil des zapatistes Ile-de-France
Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte
Association Reptil’Var
ANPCEN – Préservons la nuit
Association Protection Nature et Patrimoine Ver sur Mer
Syndicats
Sud 91
UD-CGT 78
Sud Éducation 91
Sud Recherche
ASSO-Solidaires IdF
Solidaires Étudiant·e·s Paris-Saclay
Groupes politiques
EELV Essonne
LFI 78 (lire leur communiqué)
Génération.s Essonne
Les Jeunes Générations 91
EELV groupe local Paris-Saclay
LFI Saint-Rémy vallée de Chevreuse
Ensemble ! Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire
Groupe municipal PEPS (Pour une écologie participative et sociale) – Palaiseau (91)
Palaiseau Terre solidaire
Montigny-Solidarité
Collectif Autre Monde de Magny-les-Hameaux
Élu·es
Benoît Biteau – député européen
Emmanuelle Bourneuf – conseillère municipale des Ulis
Sylvère Cala – conseiller municipal à Massy (Essonne)
Étienne Charron – conseiller municipal des Ulis
Kader Chibane – conseiller régional d’Île-de-France
Cécile Cohen – conseillère municipale à Massy (Essonne)
Philippe Escande – conseiller municipal d’Orsay et conseiller communautaire à la CPS
Julie Garnier – conseillère régionale d’Île-de-France
Denis Guyard – conseiller municipal à Magny-les-Hameaux (Yvelines)
Jacques Huleux – conseiller régional d’Île-de-France
Anne-Claire Jarry-Bouabid – vice-présidente du groupe Alternative écologiste et sociale
Bruno Julié – adjoint au maire de Teulat (Tarn)
Philippe Juraver – conseiller régional d’Île-de-France (lire sa déclaration de soutien)
Annie Lahmer – conseillère régionale d’Île-de-France
Gabriel Laumosne – conseiller municipal aux Ulis et conseiller communautaire à la CPS
Anne Launay – conseillère départementale de l’Essonne
Gérard Lévy – conseiller municipal aux Clayes-sous-Bois
William Martinet – député des Yvelines (lire son communiqué du 11 mai)
Luc Mauvarin – conseiller municipal de Chaville
Fabienne Meurice – conseillère régionale d’Île-de-France
Vianney Orjebin – conseiller régional d’Île-de-France
Olivier Pareja – élu municipal à Guyancourt (Yvelines)
Jean-Baptiste Pegeon – conseiller régional d’Île-de-France, élu aux transports et au tourisme, et administrateur au réseau Île-de-France Mobilité
Claire Pinto – élue municipale à Palaiseau (Essonne)
Henrique Pinto – élu municipal à Palaiseau (Essonne)
Mounir Satouri – député européen
Laëtitia Sanchez – conseillère régionale Normandie
Ghislaine Senée – conseillère régionale d’Île-de-France
Guiomar Xavier – maire de Châlo-Saint-Mars, enseignant-chercheur AgroParisTech
Scientifiques
Gilles Billen – biochimiste
Nathalie Blanc – sociologue
Elsa Bonnaud – écologue
Christophe Bonneuil – historien des sciences
Isabelle Bouchoule – chercheure en physique
Claude Calame – anthropologue
Pierrick Chalaye – chercheur en sciences politiques
David Chamont – chercheur en informatique
Mathieu Chassé – chimiste
Anne Chauvet – chercheure en physique
Isabelle d’Artagnan – historienne
Nicolas Delpierre – écologue
Philippe Dollfus – physicien
Corinne Donzaud – physicienne
Cyril Dutech – biologiste
Christine Eisenbeis – chercheure en informatique
Fabrice Flipo – philosophe des sciences et techniques
Gilles Frison – chercheur en chimie
Anne-Sophie Godfroy – philosophe
Isabelle Goldringer – chercheure en agroécologie
Pierre-Henri Gouyon – biologiste
Nicolas Graner – ingénieur et chercheur en informatique, vulgarisateur scientifique
Marie Jacquet – physicienne
Kevin Jean – maître de conférence en épidémiologie
Pablo Jensen – physicien
Guy Le Besnerais – chercheur en aéronautique
Élodie Marchadier – biologiste
Cécile Quantin – enseignante-chercheuse en science du sol
Guillaume Roux – physicien
Jacqui Shykoff – écologue
Stéphane Tonnelat – ethnologue
Romain Tramoy – chercheur en sciences de l’environnement
Cédric Villani – mathématicien et ancien député
Romain Yvinec – biomathématicien
Personnalités de la culture/médias, artistes, militant·es
Denis Bourdaud – auteur de bande dessinée
Arnaud Chiffaudel – co-fondateur de l’AMAP des Jardins de Cérès
Stephane Clouet – peintre ceramiste
Hervé Commère – écrivain
Odile Delonca – présidente de l’association Affamons l’incinérateur (ALIC)
Séraphin Elie – secrétaire général de la Fédération française des usagers de la bicyclette
Chloé Gerbier – cofondatrice de Terres de luttes
Florian Guyot – directeur général de l’Association Aurore
Gaby Jossaud – membre de Youth For Climate France
Maxime Khoury – membre de Youth For Climate France
Esther Le Cordier – militante écologiste
Léna Lazare – activiste écologiste
Gary Libot – rédacteur au Chiffon
Marchal Mithouard – artiste plasticien
Clément Quintard – rédacteur en chef adjoint de Socialter
Pinar Selek – sociologue et écrivaine
Jacques Testard – biologiste et essayiste
Victor Vauquois – cofondateur de Terres de luttes
Audrey Vernon – comédienne
Philippe Vion-Dury – rédacteur en chef de Socialter
Des citations
Nous avons besoin de terres agricoles de proximité. C’est un enjeu de résilience et d’independance
Luc Mauvarin – conseiller municipal de Chaville
Signature en soutien aux opposants à une agriculture industrielle, spéculative et destructive
Jean-Noël Lafaille, adhérent EELV et membre de l’association Convention pour une république écologique
Sans violation de propriété, Zaclay est une émanation citoyenne qui doit vivre. Non à l’aveugle répression des libertés !
Michel Meunier, trésorier des Amis de la vallée de la Bièvre et délégué pour la commune de Saclay
Ce projet est un saccage écologique, agricole, social et industriel et appelle une autre politique vraiment démocratique
Jean-Christophe Talibart, LFI Saint-Rémy Vallée de Chevreuse
Ces espaces sont vitaux contrairement au métro.
Marie Merel
La ligne 18, c’est non!
Denis Bourdaud
Texte très très pertinent, bravo!! Je soutiens à fond.
Telma Deconinck, étudiante AgroParisTech
Merci pour ce que vous faites!
Elliot Deforge, étudiant
Notre démocratie est de plus en plus réduite, la lutte pour le climat ne représente que des mots pour nos dirigeants.
Les ZAD exprime la résistance démocratique du peuple à l’accaparement unilatéral et des terres arables.
Avant Paris Saclay, j’ai milité avec beaucoup d’autres, contre l’OIN de Sarko, je continue de vouloir garder nos terres agricoles.
Nicole Roger
Comme à Gonesse il s’agit là de détruire des terres agricoles de l’IdF qui pourraient alimenter la région en produits bio.
Philippe Malthet
Ne laissons pas notre avenir et ceux de nos enfants, être enterré sous le bétons des promoteurs.
Palaiseau Terre Solidaire
La violence vient clairement des puissants contre le peuple. Un déni de démocratie intolérable.
Philippe Tellier
Les ZAD sont l’expression d’une opposition citoyenne qui n’a pas encore été broyée mais qui est bien vivante. Résistons !
Laetitia Harcour