Catégories
Ligne 18 Où en est-on ? mobilisation zaclay

Semaine sur l’agriculture paysanne du 15 au 20 mai

Suite au grand rassemblement des 13 et 14 mai, une semaine dédiée à l’agriculture paysanne était organisée sur Zaclay du lundi 15 au samedi 20 mai.

Du 15 au 20 mai, toute une semaine autour de l’agriculture paysanne était organisée à Zaclay, pour s’interroger sur le devenir des terres fertiles du plateau dans un contexte où de nombreux agriculteurices approchent de la retraite d’une part, et où, de l’autre, il est impératif de changer de modèle agricole et de consommation.

La semaine a démarré lundi par un gros travail sur la charpente de la grange paysanne. Celle-ci avait été déposée sur le tracé de la ligne 18 la veille et elle s’y trouvait toujours. Les participant.es se sont affairées tout au long de la journée, si bien qu’au soir, il ne manquait plus que les tuiles à poser. Une assemblée s’y est tenue, discutant de la suite de la lutte sur le plateau de Saclay et en Île-de-France, apportant de nouvelles forces et idées. À la nuit tombée, autour d’un grand feu de joie au pied de la grange, on a chanté et dansé en espérant ardemment que cette grange demeure en place et symbolise un nouvel élan pour l’agriculture paysanne sur le plateau, sur des terres sauvées du béton et de la ligne 18.

Mardi matin, réveil avec les CRS. La couverture du toit de la grange avec des tuiles en bois fabriquées sur place, n’a pu être réalisée et il s’est plutôt agi de destruction à coup de tractopelle de notre patient travail sous œil attentif d’une compagnie de CRS (lire notre communiqué).

La grange paysanne le lundi 15 mai au soir. Il ne restait plus que les tuiles à poser !

Le programme du mercredi était consacré à des ateliers pratiques : potager, vannerie et travail du bois et fabrication de fromage. Pour cet atelier, animé par un fromager autodidacte, 50 litres de lait entier de la ferme de Courbertin ont été transformés en fromages de type halloumi. À 18h, on dégustait déjà le fruit de notre travail !

Pour l’atelier vannerie, il a d’abord fallu aller en forêt pour ramasser la matière première nécessaire à la confection de paniers. Au cours de l’atelier poterie, des petits objets ont été modelés : coupelles, petits pots, etc. Enfin, l’atelier potager a permis la mise en culture d’un carré situé sur le tracé de la ligne 18, à l’endroit-même où la grange avait détruite la veille. Radis, patates, et autres légumes ont été plantés. Le mot d’ordre ? Des légumes, pas du bitume !

Fabrication de fromage halloumi par un fromager autodidacte

Jeudi, une randonnée a réuni près de 50 personnes pour cheminer à travers les espaces naturels du plateau de Saclay et visiter la ferme de Buloyer. Cette ferme école, située sur le plateau de Magny-les-Hameaux, pratique une technique d’agro-écologie appelée « maraîchage sols vivants ». Après 20 km, les marcheuses et marcheurs sont revenus à Zaclay bien fatigués mais heureux.ses ! En parallèle, une grange version miniature en carton a été déposée à côté du carré potager, toujours sur le tracé de la ligne 18. Celle-ci a instantanément été enlevée par les forces de l’ordre (vidéo bientôt disponible).

Vendredi, c’est devant une assemblée majoritairement féminine, que l’autrice et sociologue Geneviève Pruvost s’est exprimé sur la question de l’intersectionnalité des luttes dans la paysannerie. Pour elle, l’enjeu des luttes contemporaines, notamment féministes et écologistes, est de rejoindre les revendications éco-féministes qui prônent le retour de tou.tes à des modes de vie centrés autour de l’auto-subsistance – par exemple au sein de ZAD –, au lieu d’encourager l’extraction de la vie domestique pour rejoindre les privilèges capitalistes masculins. En fin d’après-midi, retour à la ferme de Buloyer pour la projection du documentaire d’A4 (Association Accueil Agriculture et Artisanat), dont l’objet est l’acceuil et l’installation de personnes (avec ou sans papier) dans des projets agricoles ou artisanaux. Actuellement, l’association A4 se dédie à l’accompagnement administratif, la recherche d’un terrain (pour démarrer ses activités) ainsi que sur la réalisation  d’une cartographie des lieux ressources en agriculture et artisanat (formations, stages, travaille salarié, bénévolat, etc.). Après un échange avec des membres d’A4, la journée s’est conclu par un dîner à la ferme.

La journée du samedi était intense à Zaclay, avec de nombreuses interventions sur ce qui tue l’agriculture paysanne aujourd’hui : produits chimiques, pression foncière ou projets inutiles et néfastes comme le tronçon ouest de la ligne 18 du Grand Paris Express. Le matin a eu lieu la Journée nationale contre Monsento-Bayer, avec la présence des nombreuses organisations engagées dans cette lutte, comme Greenpeace ou le Collectif Vietnam Dioxine qui se bat pour la reconnaissance officielle et les réparations suite aux effets de l’usage de l’agent orange durant la guerre du Vietnam (ce défoliant avait été utilisé par l’armée des États-Unis pour détruire la jungle où se cachaient les combattants vietnamiens). La matinée s’est poursuivie avec une écoute collective de podcast sur des témoignages d’agriculteurs à propos des problèmes sanitaires engendrés par l’utilisation des produits herbicides et pesticides de Monsanto et la répression dont ils sont victimes .

Samedi après-midi, s’est tenue une discussion sur l’avenir d’une agriculture paysanne sur le plateau de Saclay, événement central de la semaine. À Zaclay et toujours sous le soleil, ont témoigné : Gaspard Manesse, porte parole de la confédération paysanne Ile de France, Philippe Tellier, conseiller agricole à la retraite, deux agriculteur.trices en installation collective, Thomas de la ferme de la Tournerie  (Limousin) et Justine de la ferme de Combreux (Ile-de-France) ainsi que Cristiana Vandame, agricultrice sur le plateau de Saclay et propriétaire, avec son mari Emmanuel Vandame, des terres où est installé le camp de Zaclay.

Voici l’émission enregistrée à partir des discussions à Zaclay par l’Actualité des luttes : Discussion autour d’installations collectives sur le Plateau de Saclay

Cristiana Vandame a témoigné des difficultés à passer d’une agriculture conventionnelle à une agriculture biologique – tournant amorcé en 2003 avec la création de l’Amap les Jardins de Cérès. La suite logique de cette évolution est, pour elle, l’installation d’un collectif, permettant d’associer différents types d’activités – céréales, élevage, maraîchage… Cristiana Vandame a remercié le Collectif contre la ligne 18 et Zaclay pour avoir contribué à faire connaître plus largement cette lutte menée sur le plateau de Saclay depuis une dizaine d’années.

Les organisateurs.trices de cette semaine et le Collectif contre la ligne 18 remercient tou.tes les participant.es à ces beaux moments. La lutte continue !

Programme de la semaine

Pourquoi cette semaine ? Lire l’appel ici.

Lundi 15 mai

10h – 20h | Chantier finition charpente

10h30 | Atelier d’autodéfense numérique

17h | Discussion sur la suite de la lutte

Mardi 16 mai

10h – 20h | Chantier finition charpente

18h30 | Reprise de savoirs, une autre rentrée sur le plateau de Saclay

Mercredi 17 mai

10h – 20h | Ateliers pratiques : potager, vannerie et travail du bois (par le Collectif)

12h – 18h | Atelier fabrication de fromage par un fromager (autodidacte)

Jeudi 18 mai

10h – 16h | Rando sur le plateau de Saclay

12h – 14h | Déjeuner & visite de ferme

Vendredi 19 mai

Quelle intersectionnalité des luttes dans la paysannerie ?

  • 14h30 | Discussion avec Geneviève Pruvost sur les questions de genre
  • 18h | Projection d’A4, collectif pour permettre l’accueil et l’installation des personnes avec et sans papiers dans des projets agricoles et artisanales
Samedi 20 mai

10h30 – 17h | Journée nationale contre Monsanto-Bayer, organisée par Combat Monsanto

14h | Discussion autour d’installations collectives sur le Plateau de Saclay. Que veut dire être paysan aujourd’hui en milieu périurbain ? Témoignages, partages d’expériences et réflexions. Organisé avec le soutien de la Confédération paysanne Ile-de-France, ARDEAR IdF, Fadear

De mercredi à dimanche : exposition de la Fédération Associative pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural (Fadear) sur l’agriculture paysanne