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Artificialisation des terres

Le plateau de Saclay face au dérèglement climatique

Retour sur la conférence-debat au sujet du plateau de Saclay face au dérèglement climatique qui s’est tenue le 6 février 2022 avec Jean-Marc Jancovici
et Nathalie Blanc et animée par
Juliette Nouel.

L’événement a eu lieu à l’école CentraleSupélec (Gif-sur-Yvette), organisé par l’Amap des Jardins de Cérès, en partenariat avec Ecopolien et CCFD TerreSolidaire. L’objectif était de mener un débat où scientifiques, agriculteurs, élus et citoyens du plateau de Saclay apporteraient leurs questions et contributions sur le défi majeur de notre territoire pour les années à venir. Et nous y étions !

Virginie Courderc, vice-présidente de l’Amap des Jardins de Cérès a tout d’abord introduit la conférence.

Jean-Marc Jancovici a démarré la conférence en présentant le rapport du Shift Project sur la résilience des Territoires. Il a vivement critiqué le projet de Paris Saclay :

« Quand on urbanise une zone, c’est pour le long terme. Si on le fait, il faut être certain qu’elle aura une pertinence au-delà de 20 ans – pas juste le temps de monter dans le classement de Shanghai. Ce n’est pas le cas de Paris Saclay. »

Jean-Marc Jancovici le 6 février 2022 à CentraleSupelec

Nathalie Blanc a ensuite présenté une synthèse de ses travaux sur les inégalités socio-environnementales.

Puis ce fût le tour de Fabienne Mérola de prendre la parole. Cette ancienne chercheuse a replacé le projet de Paris Saclay dans son contexte, à la fois historique et géographique.

« Le Grand Paris est un projet d’urbanisation massive des territoires ruraux. Alors que les terres agricoles du plateau de Saclay sont parmi les meilleures et les plus fertiles d’Île de France avec Gonesse. »

Fabienne Merola, le 6 février 2022 à CentraleSupelec

Et contre la prétendue pertinence du projet de ligne 18 du Grand Paris Express, elle a argumenté de la façon suivante :

« Le plateau de Saclay est une zone de respiration entre deux pôles d’activités (Versailles et Massy-Les Ulis) qui fonctionnent indépendamment et ont assez peu d’échanges actuellement. Mais les aménageurs voient ces terres agricoles comme un espace vide et donc à remplir. Il faut changer de paradigme dans l’aménagement des territoires. »

Fabienne Merola, le 6 février 2022 à CentraleSupelec

Ce fût ensuite le temps d’échanges avec le public. Un étudiant s’est joué l’avocat du diable (selon ses propres paroles), disant voir plutôt des avantages au projet de Saclay. Jean-Marc Jancovici a alors pris une position claire :

« Ce que je reproche au projet de Saclay, c’est de densifier encore plus l’Île de France alors que la dépendance énergétique demande des flux qui vont être amenés à se contracter. C’est un projet anachronique. »

Jean-Marc Jancovici le 6 février 2022 à CentraleSupelec

Isabelle Goldringer, chercheuse à l’Inrae a pour sa part expliqué l’irréalisme du concept de fermes urbaines comme solution à notre problème :

« Il faut arrêter de croire qu’un seul hectare de terre agricole va produire quel que soit ce qu’il y a autour. »

Isabelle Goldringer, le 6 février 2022 à CentraleSupelec

En bref : l’urbanisation apporte trop de nuisances pour l’agriculture.

Ce dont Emmanuel Vandame, agriculteur sur le plateau de Saclay, aurait pu également témoigner. Il a préféré prendre la parole pour raconter une situation rencontrée par tous :

« Lors d’un dîner, tout le monde mange et vous demandez à vos invités (surtout s’ils ne sont pas trop sensibilisés) s’ils savent d’où vient le contenu de leur assiette. On vous répondra tout sauf « d’une ferme ». Cela traduit bien le fait qu’on a trop déconnecté l’alimentation de l’endroit d’où elle est produite. »

Emmanuel Vandame, le 6 février 2022 à CentraleSupelec

Emmanuel Vandame a également déploré le fait que les jeunes français et françaises soient tous encouragés à faire des études d’ingénieur alors qu’on manque cruellement d’agriculteurs en France. Lui-même a bien du mal à trouver des repreneurs pour sa ferme.

En conclusion, les organisateurs appellent à une sorte de convention citoyenne sur le plateau de Saclay. En effet, celle-ci est devenue une obligation face à la mascarade que constituent les diverses consultations et concertations organisées depuis plusieurs années avec l’Établissement public d’aménagement Paris Saclay (EPAPS) ou la Société du Grand Paris (SGP).

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