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Artificialisation des terres mobilisation

Terres fertiles en péril

Samedi 18 mars, nous étions 200 devant le siège de l’Unesco à Paris pour demander le classement des sols de Gonesse et de Saclay au patrimoine mondial de l’humanité.

Plus de 10 000 signatures en quelques semaines !
Signez et faites signer la pétition pour classer les terres de Saclay et Gonesse à l’Unesco :
Sauvons les dernières terres agricoles d’Ile-de-France (monmouvement.ong)

200 personnes réclamant le classement des terres à l’Unesco

Quelques 200 personnes étaient rassemblées le samedi 18 mars devant le siège de l’UNESCO à Paris pour alerter sur le risque que fait peser la destruction des terres céréalières de Gonesse et de Saclay sur la souveraineté alimentaire de l’Île-de-France et pour demander le classement de ces sols, particulièrement fertiles, au patrimoine mondial de l’humanité.

Le 14 septembre dernier, le journal Le Monde publiait un appel solennel de chercheurs et d’artistes demandant au gouvernement d’abandonner la construction de deux tronçons du Grand Paris Express – les lignes 17 Nord, entre Villepinte et le Mesnil-Amelot et 18 Ouest, entre Saclay et Versailles – qui menacent de détruire des milliers d’hectares de terres agricoles à proximité de Paris.

Schéma des sols de Saclay et Gonesse

« Depuis plusieurs années, l’ensemble de la communauté scientifique clame l’absolue nécessité de préserver les sols autour des villes. Toute nouvelle artificialisation accroît la menace sur notre avenir », lit-on dans l’appel. Les sols du plateau de Saclay et de la plaine de France, des limons éoliens profonds de plusieurs mètres, expliquent en grande partie le développement démographique, économique et culturel de Paris et de sa région depuis des millénaires. La couche d’argile sur laquelle ils s’appuient permet le stockage de l’eau même par les étés les plus chauds. Les rendements élevés de ces terres – plus de 100 quintaux de maïs ou de blé tendre à l’hectare – les font figurer parmi les plus fertiles au monde.

Samedi, la baguette de pain était le signe de ralliement des soutiens au classement des sols de Gonesse et de Saclay au patrimoine mondial de l’UNESCO : « Le classement en novembre dernier de la baguette de pain au patrimoine immatériel de l’humanité, saluée par l’ensemble des Français, n’aurait pas de sens si au même moment l’on détruisait les
dernières terres céréalières à proximité de la capitale », affirment les signataires de l’appel dans une lettre ouverte adressée quelques jours avant le rassemblement à la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, chargée de la défense du patrimoine français devant l’UNESCO. Une lettre transformée en pétition qui dépasse les 10 000 signatures.

Photographie de Delphine Lefebvre / Hans Lucas
Photographie de Delphine Lefebvre / Hans Lucas

Avec leur rendement exceptionnel, les 3200 hectares menacés sur le plateau de Saclay et au Triangle de Gonesse peuvent produire environ 26 millions de baguettes par an, soit près 60 000 par jour.

Le paysagiste Gilles Clément, la généticienne des populations Isabelle Goldringer, la journaliste Marie-Monique Robin, l’écrivaine Marie Desplechin, le député européen et agriculteur Benoit Biteau, l’agricultrice en bio produisant farine de blé et pains sur le plateau de Saclay Cristiana Vandame et le spécialiste des sols Cyril Girardin, se sont succédé samedi à la tribune pour réaffirmer l’importance, dans un contexte de pénurie d’eau, de maintenir des sols perméables à proximité de Paris.

Benoit Biteau. Photographie de Delphine Lefebvre / Hans Lucas.

« Quand on est paysan et qu’on aime la terre, on ne peut pas laisser partir des sols aussi fertiles, aussi fondamentaux, aussi stratégiques pour la souveraineté alimentaire », a déclaré Benoît Biteau.

« Paris n’a que trois jours d’autonomie », a rappelé Gilles Clément,
qui a plaidé pour le projet d’un « vrai Grand Paris, qui pourrait être un exemple pour beaucoup d’autres régions du monde ».

Gilles Clément. Photographie de Delphine Lefebvre / Hans Lucas.

« Ceux qui vont laisser leur trace dans l’Histoire, ce ne sont pas ceux qui bétonnent, au contraire ce sont ceux qui protègent les terres agricoles, qui vont permettre aux citadins de se nourrir localement avec des aliments de qualité en donnant du travail à plein de gens, y compris dans les villes », a affirmé Marie-Monique Robin.

Le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) Bernard Loup a rappelé que le dernier projet en date de la présidente de la région Île-de-France et du gouvernement pour justifier une gare au milieu des champs de Gonesse, était celui d’une cité scolaire avec internat, dans une zone pourtant interdite à l’habitat en raison du bruit des avions. « L’administration pénitentiaire n’en a pas voulu pour implanter une prison, et pourtant l’on envisage encore sérieusement d’y construire un lycée où les élèves seront exposés au bruit continuel des avions du Bourget et de Roissy, y compris la nuit ».

Sabrina Belbachir, membre du collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres de Saclay a dit l’absurdité du projet de construction de la ligne prévue par la Société du Grand Paris entre Saclay et Versailles, alors qu’il n’y a « pas de besoin de transport lourd
dans ce secteur ». «L’urgence, c’est de protéger ces terres ». Elle a donné rendez-vous sur le plateau de Saclay les 13 et 14 mai pour la construction d’une grange paysanne sur le plateau, « geste fort par lequel nous voulons affirmer notre soutien à une agriculture paysanne sur le plateau ».

Photographie de Delphine Lefebvre / Hans Lucas.

Des panneaux représentants les terres fertiles de Gonesse et de Saclay avaient été préparés au même format que ceux représentants les autres lieux classés au patrimoine mondial et exposé sur les grilles du siège parisien de l’Unesco, pour illustrer notre volonté de voir ses sols fertiles figurer à leurs côtés. Une photographie symbolique a été prise, sous la surveillance plus qu’étroite des forces de l’ordre.

Télécharger le communiqué de presse du 20 mars 2023

On en parle dans la presse

L’appel au rassemblement

Nos terres sont exceptionnelles. En formation depuis 100 000 ans, les limons fertiles de Saclay et Gonesse sont situés au-dessus d’une couche d’argile qui assure une réserve d’eau en profondeur pour les cultures. Des rendements en céréales élevés, sans irrigation : ce n’est pas un hasard si Paris et sa région ont pu se développer sur le plan à la fois démographique, économique et culturel.

Travaux pour le tronçon Massy-Saclay de la ligne 18

Nos terres sont en danger. Le Triangle de Gonesse et le Plateau de Saclay sont menacées par la construction imminente de deux lignes de métro du Grand Paris Express : le tronçon nord de la ligne 17, entre Gonesse et Le Mesnil-Amelot, et la ligne 18 ouest, de Saclay à Versailles. A moyen terme, ces projets détruiraient plus de 3000 hectares de terres agricoles. Ce serait aussi la fuite en avant vers encore plus d’étalement urbain et de pollution.

Pourquoi pas les photos de Saclay et Gonesse accrochées au grilles de l’Unesco ?

Classons-les au patrimoine de l’humanité. Parce que ces terres sont un bien commun appelé à jouer un rôle vital dans la résilience de la métropole parisienne face aux chocs climatiques, les sols de Gonesse et de Saclay ont fait l’objet d’un appel d’un collectif de chercheurs et d’artistes publié dans Le Monde le 14 septembre 2022. Alors que la baguette de pain vient d’être classée sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco, comment accepter que l’on bétonne les dernières terres à céréales autour de Paris ? Exigeons ensemble que le gouvernement défende ce patrimoine d’une valeur universelle et protège les sols de Gonesse et de Saclay.

Rendez-vous le 18 mars 2023 à 11h devant le siège de l’Unesco à Paris (125 avenue de Suffren, Paris 7ème)

Le déroulé dans les grandes lignes
11h : Accueil
11h10 : Mot d’introduction
11h15 : Lecture de l’appel, par notamment Marie Desplechin (écrivaine), Isabelle Goldringer (chercheuse) et Christiana Vandame (agricultrice)
11h20 : Remise des photos grands formats de Saclay et Gonesse
11h30 : Exposés sur le caractère exceptionnel des sols de Gonesse et Saclay (Cyril Girardin) ainsi que sur le patrimoine architectural et archéologique (Alice Le Roy)
11h45 : Prises de parole de personnalités en soutien : Gilles Clément (paysagiste), Marie-Monique Robin (documentariste) et Benoit Biteau (député européen)
11h55 : Photo de groupe
12h : L’actualité des luttes pour les terres de Gonesse et de Saclay : Bernard Loup et Fabienne Merola
12h15 : Remerciements puis Zaclay ’zik

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